Joëlle Casna
06.83.10.05.12
Troubles des comportements alimentaires
Qu'est ce qu’un trouble du comportement alimentaire ?
Notre rapport à la nourriture et l’alimentation est le reflet de notre vécu et traduit souvent notre équilibre émotionnel ou, au contraire, nos difficultés psychoaffectives. Dans les moments de stress prolongés ou de déprime certains réagissent par une perte d’appétit alors que d’autres ressentent un besoin impérieux de nourriture. Ces conduites alimentaires sont une façon de gérer les tensions intérieures et généralement nous arrivons à les réguler plus ou moins rapidement.
Mais aussi, dans notre culture, une préoccupation toute particulière par l’apparence physique sculptée favorise les perturbations de l’image corporelle et pousse un grand nombre de personnes – surtout plus fragiles – à pousser à l’extrême la maîtrise de leur corps et ses performances qui aboutit à l’installation des troubles du comportement alimentaires (TCA).
Dans certaines situations, pourtant, ce dérèglement de notre rapport à la nourriture et au corps s’installe plus durablement.
Tout peut commencer, face à une tension ponctuelle, par un grignotage occasionnel qui, certes, apporte une réponse immédiate au malaise mais entraîne un léger surpoids provoquant à son tour un régime. Le régime peut aboutir à un nouvel accès de suralimentation pour compenser la privation ou à la survenue progressive de restrictions alimentaires quantitatives et qualitatives.
D’une réponse de type adaptatif à une situation de débordement émotionnel et d’impossibilité de gérer le stress on peut passer, plus ou moins rapidement, à l’organisation contraignante des comportements alimentaires qui peuvent devenir dangereux pour la santé somatique et psychique et dont les conséquences sur la vie affective, sociale et professionnelle peuvent être dramatiques.
La pérennisation de ces troubles alimentaires aux effets négatifs les transforme en une véritable maladie chronique dont l’évolution peut s’avérer sévère voire mortelle pour certains anorexiques.
Traitement des troubles alimentaires
En psychothérapie, le traitement des troubles alimentaires sera basé principalement sur le travail sur le poids.
Le poids du corps, ses altérations, ses contraintes et ses conséquences… mais aussi sur le poids de la souffrance sous-jacente.
C’est aussi le travail sur le poids du passé, le poids de l’histoire individuelle, le poids des relations familiales, le poids qui pèse sur l’image de soi.
La psychothérapie cherche à donner une réponse au poids de l’actuel, à permettre des changements au niveau alimentaire et pondéral, à trouver la motivation pour changer les schémas cognitifs, émotionnels et comportementaux dévastateurs (thérapie cognitive et comportementale).
Le thérapeute accompagne vers la réalisation personnelle, vers l’établissement des relations interpersonnelles satisfaisantes et libres de l’emprise.
La perte d’appétit en réaction à l’angoisse et la restriction drastique et volontaire chez l’anorexique, les compulsions alimentaires de la boulimie, l’ascèse et la négation du corps de l’anorexie sont une tentative de réponse à une souffrance. Ces différentes figures de l’expression de fragilité psychoaffective exigent des objectifs de soin et des moyens thérapeutiques variés.
Le choix du traitement le plus approprié des troubles du comportement alimentaire nécessite une évaluation précise de chaque situation : les symptômes, l’histoire propre du sujet, les facteurs familiaux, des traumatismes, des événements de vie…
Attention, en cas de psychiques complexes, la psychothérapie, ne se substitue en rien à un traitement médicamenteux prescrit par un médecin. Il s’agit d’un soutien, d’une thérapie complémentaire, additionnelle à la consultation régulière d’un professionnel de santé (médecin, nutritionniste, psychiatre …)
"Ce qui n'a pu se mettre en larmes et en mots s'exprime ensuite par des maux, faute de mots pour le dire."
Anne Ancelin-Schutzenberger
Principaux troubles des conduites alimentaires
On peut classer les troubles du comportement alimentaire sur un continuum allant des formes restrictives aux formes boulimiques.
Les formes les plus graves l’anorexie mentale (AM) et la boulimie nerveuse (BN), Hyperphagie boulimique ou binge eating desorder (BED).
Les formes plus fréquentes et moins sévères parmi lesquels les troubles d’alimentation non spécifié EDNOS (Eating Desorders Not Otherwhise Specified), présentent les mêmes symptômes que l’anorexie ou la boulimie avec une fréquence de crises moins élevée et l’absence d’aménorrhée.
Le night eating syndrome souvent provoqué par un événement de vie (deuil, rupture amoureuse,…) consiste en une anorexie diurne et une hyperphagie nocturne avec insomnie.
D’autres troubles du comportement sont fréquemment associés : l’hyperactivité physique, les pratiques sportives excessives …